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Bactériophages : un espoir face à l’antibiorésistance

Le recours aux bactériophages constitue une piste prometteuse pour lutter contre les infections bactériennes résistantes aux antibiotiques.  Développée il y a plus d’un siècle puis tombée progressivement dans l’oubli, la phagothérapie connait actuellement un regain d’intérêt. Les autorités sanitaires françaises devraient délivrer cette année de nouvelles autorisations d’utilisation de ces virus « mangeurs de bactéries ».

Les bactériophages, des virus tueurs de bactéries

Naturellement présents dans l’environnement, les bactériophages sont des virus qui infectent spécifiquement les bactéries et les détruisent de l’intérieur. C’est le franco-canadien Félix d’Hérelle, collaborateur de l’Institut Pasteur, qui découvre les virus phages en 1917 et démontre leur efficacité dans le traitement des infections bactériennes. Les pays occidentaux abandonnent cependant la phagothérapie suite à l’avènement des antibiotiques, plus faciles à fabriquer et à utiliser.

En revanche, les bactériophages font partie de la médecine traditionnelle des pays de l’ex-Union soviétique, qui n’avaient pas accès aux médicaments produits par l’industrie pharmaceutique pendant la Guerre froide. Aujourd’hui, la situation s’inverse et les chercheurs occidentaux s’intéressent de nouveau à ces virus capables d’éradiquer des souches bactériennes multirésistantes.

La phagothérapie, une alternative aux antibiotiques

La recherche sur l’usage thérapeutique des bactériophages est en pleine expansion, et pourrait aboutir d’ici quelques années à des avancées médicales majeures, notamment dans le traitement des infections cutanées, ostéo-articulaires ou pulmonaires. Pourtant, les grands laboratoires pharmaceutiques semblent réticents à se lancer dans l’aventure. En effet, contrairement aux antibiotiques, les phages sont des éléments naturels et donc difficilement brevetables.

Depuis 2016, la France autorise l’utilisation des bactériophages à titre compassionnel pour les patients en impasse thérapeutique, pour lesquels tous les traitements conventionnels ont échoué. L’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) souhaite maintenant aller plus loin, et a convoqué le 21 mars dernier les experts sur ce dossier. Des autorisations d’utilisation temporaire devraient être délivrées en 2019, premier pas avant d’éventuels essais cliniques et une autorisation de mise sur le marché.

Ainsi, la phagothérapie pourrait devenir un complément indispensable aux antibiotiques dans la lutte contre les infections bactériennes. Il faudra néanmoins veiller à ne pas reproduire les erreurs du passé, au risque de voir apparaître des bactéries phagorésistantes…

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